
Sans doute avez-vous entendu cette histoire avec Omar Sy. Le 22 mai 2025, en gare de Lyon, des agents de la SNCF lui demandent de museler son chien, Tato, un American Staffordshire Terrier. Il refuse. L’échange dégénère. Les agents déposent plainte. L’affaire a fait le tour des médias et des réseaux sociaux. Mais, au-delà du fait divers, une question revient : peut-on aimer son chien et le museler ? Peut-on bâtir une relation fondée sur la confiance, l’éducation respectueuse, et accepter, parfois, d’ajouter cet outil-là à la panoplie ? La question mérite une réponse claire et pragmatique.
Ce que dit la loi
Tout d’abord, dans de nombreuses situations, la muselière ne relève pas d’un choix. Elle entre juste dans un cadre légal.
Ainsi, en France, les autorités imposent la muselière aux chiens classés en catégorie 1 ou 2 — American Staffordshire Terrier, Rottweiler, Tosa… — dans tous les lieux publics, sans exception. Et la règle s’applique à la race, pas au comportement individuel.
Dans les trains, la SNCF exige la muselière pour tous les chiens de plus de six kilos, quelle que soit leur éducation ou leur calme. Il ne s’agit pas d’une mesure ciblée, mais d’un règlement général.
En Suisse, en revanche, la loi fédérale reste plus souple : elle n’impose pas systématiquement la muselière, mais elle demande aux propriétaires de maîtriser leur chien en toutes circonstances. Les compagnies de transport, comme les CFF, laissent les chiens voyager sans muselière par défaut, mais peuvent en exiger une si la situation le justifie. Dans certains cantons, des règlements spécifiques prévoient aussi l’obligation dans les lieux très fréquentés ou à la demande des autorités.
Dans tous les cas, la question n’est pas : « le chien en a-t-il besoin ? », mais : « le contexte le tolère-t-il sans ? »
Peut-on aimer son chien et le museler sans trahir la relation
Personne ne se réjouit d’acheter une muselière. L’image dérange. Elle évoque la menace, la contrainte. Mais dans certaines circonstances précises — un trajet en train, une consultation vétérinaire tendue, un accès réglementé à un lieu public — elle permet d’agir sans bloquer le chien, ni le laisser de côté.
Encore faut-il l’introduire correctement.
En effet, aimer son chien et le museler, c’est possible. Mais on ne l’impose pas brutalement. On ne l’utilise pas pour pallier une absence d’éducation. On le prépare, on l’intègre comme un outil temporaire, circonstanciel.
Les étapes sont simples :
- On choisit une muselière adaptée (type panier), qui n’empêche ni de haleter, ni de sentir, ni de recevoir des friandises.
- On laisse le chien l’explorer à son rythme.
- On associe l’objet à du renforcement positif : jeu, nourriture, sorties.
- On augmente la durée progressivement, sans précipitation.
Quand le chien comprend ce qu’on attend, quand on prend le temps, la muselière ne casse rien. Elle devient un accessoire parmi d’autres, qu’on utilise si nécessaire, et qu’on range ensuite.
Ce n’est pas un échec
Beaucoup de dog’s parents vivent l’usage de la muselière comme un aveu de faiblesse. Ils se disent qu’un chien bien éduqué n’en aurait pas besoin. Que la muselière fait tache, qu’elle signale un danger. En réalité, c’est l’inverse : le danger vient souvent de ceux qui n’anticipent pas.
Car, c’est un fait, un chien parfaitement stable peut réagir dans un environnement surchargé. Une agression imprévue, une tension dans une salle d’attente, un adulte maladroit ou un enfant trop brusque peuvent suffire à déclencher un comportement défensif. La muselière évite l’escalade. Elle ne résout rien, mais elle protège — humain et chien compris.
Aimer, c’est aussi accompagner dans un monde imparfait
On ne vit pas dans un monde idéal. Un chien ne se déplace pas dans un espace neutre, calme, respectueux, bienveillant. Il évolue au milieu de règles, d’obligations, de jugements et de peurs. L’aimer, ce n’est pas tout permettre. C’est le préparer.
Alors, peut-on aimer son chien et le museler ? Oui, si on le fait sans trahir la confiance. Si on l’intègre avec méthode. Si on évite d’en faire un automatisme.
Ce n’est pas un outil magique. Ce n’est pas un signe de progrès. C’est une solution ponctuelle à une contrainte extérieure. Et tant qu’on garde ça en tête, la relation reste intacte. Ce qu’on construit jour après jour ne s’effondre pas à cause d’un outil, mais à cause de ce qu’on en fait.
Bref, non, museler ne veut pas dire aimer moins. Parfois, c’est ce qui permet simplement de continuer à vivre ensemble, malgré les règles du monde autour.
Merci pour cet article qui explique bien les raisons du dilemme que nous ressentons à l’idée de devoir mettre une muselière à notre chien. Et qui nous aide aussi à mieux comprendre pourquoi il est parfois nécessaire de le faire tout en nous indiquant comment procéder pour bien faire les choses.