Dès que vous quittez votre appartement, votre chien se met à pleurer? Mais pourquoi ? Est-ce qu’il cherche à attirer votre attention, ou pire, à vous manipuler ? Si ce comportement vous énerve ou vous attriste, sachez que vous n’êtes pas seul. Beaucoup de chiens, en voyant leur maître partir, gémissent, aboient, grattent, et certains vont même jusqu’à détruire ou faire leurs besoins dans la maison. Alors qu’ils pourraient profiter de votre absence pour se reposer… Bref, explorons pourquoi votre chien pleure quand vous partez et ce que vous pouvez faire pour que ça change.
Votre chien exprime son mal être
Tout d’abord, il faut se rappeler que les chiens sont des animaux sociaux, qui tissent des liens forts avec leurs maîtres. Même si certaines races, comme les shibas, les basenjis ou les lévriers sont plus indépendantes que d’autres, la majorité des chiens aiment savoir leur humain à proximité. Et l’isolement peut perturber leur équilibre.
D’ailleurs des recherches montrent que, chez les chiens anxieux, la séparation déclenche une véritable réaction de stress. Leur taux de cortisol (hormone du stress) grimpe, et leur rythme cardiaque s’accélère, indiquant une détresse bien réelle, loin d’un simple caprice. Autrement dit, ce n’est pas du cinéma ni de la manipulation.
Toutefois, d’autres raisons, en plus de l’anxiété, peuvent amener un chien à pleurer lorsqu’on part : l’ennui, un manque de stimulation, un besoin d’attention, la frustration, l’insécurité, l’absence de routine, ou une anticipation négative des départs imprévus.
On constate également que les départs imprévus et sans régularité augmentent cette anxiété. En revanche, lorsque les départs et retours suivent une certaine routine, le chien peut anticiper et ses signes d’angoisse diminuent.
Par ailleurs, on dit souvent que les chiens n’ont pas la notion du temps, mais différentes études ont montré qu’en cas d’absence prolongée, certains chiens anxieux montrent des signes de stress cumulatif, même si certains finissent par s’adapter après une période initiale de détresse intense.
Ce qui influence les pleurs de votre chien quand vous partez
L’impact de la race
Certaines races de chiens supportent moins l’absence que d’autres, en raison de leurs prédispositions génétiques. Les chiens de berger, comme les border collies, ou les retrievers, sont des exemples typiques : sélectionnés pour travailler aux côtés des humains, ils sont sensibles, sociables et souvent très dépendants de leurs maîtres. Ils ont besoin de beaucoup de stimulation mentale et physique régulière, et du coup sont plus enclins à l’anxiété de séparation. A l’inverse, un bouledogue français dont le travail n’est pas la préoccupation première, pourra être content de vous voir partir pour profiter de tout le canapé à lui seul.
Il ressort par ailleurs de l’une des nombreuses études qui se sont penchées sur les réactions des chiens lors du départ de leur humain, « Prevalence, comorbidity, and behavioral variation in canine anxiety », que certaines races, comme les chihuahuas et les caniches, présentent également une sensibilité accrue aux troubles anxieux, dont l’anxiété de séparation.
Une mauvais apprentissage
Les chiens à qui l’on n’a pas appris le détachement, sont particulièrement enclins à pleurer dès que leur maître s’absente. Ils ont forgé des liens particulièrement forts avec leur propriétaire. Et cette proximité se transforme en dépendance. Ce sont des chiens qui vous suivent partout, même aux toilettes, et qui réagissent au moindre de vos mouvements. Ce besoin constant de proximité, bien que naturel, devient un problème lorsqu’ils se retrouvent seuls.
Sans une introduction progressive à la solitude dès leur jeune âge, les chiens perçoivent chaque départ comme une rupture. Ce manque de préparation les empêche de développer des repères sécurisants et les rend vulnérables à l’anxiété de séparation. On observe alors des comportements de détresse, tels que des pleurs, des aboiements ou des actes destructeurs, qui traduisent leur incapacité à gérer l’absence.
Une histoire difficile derrière eux
Les chiens qui ont traversé des expériences traumatisantes sont plus vulnérables à l’anxiété de séparation. Plusieurs facteurs contribuent à cette sensibilité accrue et expliquent pourquoi votre chien pleure quand vous partez.
- Séparation précoce de la mère : Les chiots retirés trop tôt de leur mère n’ont pas eu le temps de bénéficier de la phase d’attachement et d’apprentissage nécessaire pour développer des bases émotionnelles solides. Sans cette période fondamentale, ces chiens n’ont pas appris à se sentir en sécurité sans la présence d’une figure protectrice, ce qui les rend particulièrement anxieux lorsqu’ils sont laissés seuls.
- Abandon et changements fréquents de foyers : Les chiens ayant connu plusieurs foyers ou ayant été abandonnés souffrent souvent d’une insécurité profonde. Chaque changement d’environnement érode leur capacité à se sentir en sécurité, et ils ont tendance à interpréter chaque départ de leur propriétaire comme une potentielle rupture définitive. Ces expériences répétées les rendent plus susceptibles de développer une anxiété importante dès que leur maître s’absente, expliquant pourquoi votre chien pleure quand vous partez.
- Passé de négligence ou de maltraitance : Les chiens issus de situations de maltraitance, de trafic ou de négligence sévère manquent souvent de repères stables dès le début de leur vie. Ces conditions de vie difficiles ont renforcé chez eux un sentiment d’insécurité et de méfiance, les laissant particulièrement sensibles aux séparations. Chaque absence de leur maître ravive cette crainte d’être à nouveau laissé pour compte, déclenchant des comportements de détresse.
Mettre en place des solutions
Plusieurs pistes peuvent être explorées pour aider votre chien à mieux tolérer la séparation, telles que la désensibilisation progressive à vos départs, l’établissement de routines claires et stables, et l’enrichissement de l’environnement pour occuper votre chien et réduire son stress. Ces méthodes visent à lui offrir un cadre rassurant et à l’aider à s’adapter à vos absences. Si ces différentes méthodes n’ont pas d’effet sur votre chien, n’hésitez pas à faire appel à un professionnel. Pour votre bien et ce lui de vôtre toutou.
Désensibilisation progressive
La désensibilisation progressive est une méthode efficace pour aider les chiens à mieux tolérer la séparation et à réduire les comportements anxieux, comme les pleurs au moment de votre départ. Cette approche consiste à habituer graduellement votre chien à vos absences, en augmentant progressivement leur durée, afin qu’il apprenne à rester seul sans détresse.
Étapes de la désensibilisation progressive :
- Absences très courtes : Commencez par quitter la pièce ou la maison pendant quelques secondes, puis revenez avant que votre chien ne montre des signes d’anxiété. Répétez cette étape jusqu’à ce qu’il reste calme pendant ces courtes absences.
- Augmentation graduelle de la durée : Une fois que votre chien tolère bien les absences de quelques secondes, augmentez progressivement la durée de vos départs à une minute, puis à plusieurs minutes, en veillant à ce qu’il reste serein à chaque étape.
- Variation des routines de départ : Pour éviter que votre chien n’associe certains gestes ou objets à votre départ, modifiez votre routine. Par exemple, prenez vos clés sans quitter la maison ou mettez votre manteau puis asseyez-vous sur le canapé. Cela aide à réduire l’anticipation anxieuse liée à vos départs.
- Utilisation de distractions positives : Pendant vos absences, laissez à votre chien des jouets interactifs ou des friandises spéciales qu’il n’a que lorsque vous êtes absent. Cela crée une association positive avec votre départ et occupe son esprit.
- Maintien de la régularité et de la patience : La clé du succès réside dans la constance et la patience. Chaque chien progresse à son propre rythme, et il est essentiel de ne pas précipiter les étapes. Si votre chien montre des signes d’anxiété, revenez à l’étape précédente jusqu’à ce qu’il soit à l’aise.
Enrichir l’environnement
Des recherches montrent que l’enrichissement de l’environnement du chien peut contribuer à atténuer les signes d’anxiété lorsqu’il est seul. Laisser des jouets interactifs ou des jeux alimentaires, comme des jouets distributeurs de friandises ou des os à mâcher, aide à occuper l’attention du chien son attention de l’absence de son propriétaire.
Certaines études montrent que les chiens disposant de ces distractions présentent des signes de stress légèrement réduits durant l’absence de leur maître. Bien que cet enrichissement ne résolve pas entièrement l’anxiété de séparation, il apporte un soutien précieux en apaisant partiellement le stress du chien.
Établir des routines
Les chiens sont des animaux de routine qui se sentent en sécurité lorsqu’ils peuvent anticiper les événements de leur journée. Des départs imprévus et irréguliers peuvent donc augmenter leur niveau d’anxiété. En revanche, des départs et retours réguliers leur permettent de mieux anticiper ces moments, réduisant ainsi leur stress. Il est donc bénéfique d’instaurer une routine quotidienne cohérente pour votre chien. En établissant des horaires fixes pour les repas, les promenades et les moments de jeu, vous offrez à votre chien un cadre prévisible qui le rassure. Cette prévisibilité aide à diminuer l’anxiété liée aux séparations, car le chien sait à quoi s’attendre et peut mieux gérer les absences.
Adopter un deuxième chien
Peut-être avez-vous songé à adopter un deuxième chien pour tenir compagnie à votre toutou qui pleure quand vous partez. Certaines études montrent que cela peut, dans certains cas, aider à atténuer les pleurs. La présence d’un congénère offre une stimulation sociale et un soutien émotionnel. Cependant, cette solution ne convient pas à tous les chiens et ne garantit pas la disparition de l’anxiété.
Si les chiens ne s’entendent pas bien, les tensions pourront même augmenter le stress, aggravant ainsi le problème au lieu de l’atténuer. De plus, même lorsque les chiens s’entendent bien, ce n’est pas une solution miracle. Certains chiens souffrent d’une forme d’anxiété de séparation si intense qu’ils restent focalisés sur l’absence de leur propriétaire, et la présence d’un autre chien n’a que peu ou pas d’effet.
Ce qu’il ne faut pas faire
Ne punissez pas, ne grondez pas et ne vous énervez pas lorsque votre chien pleure au moment de votre départ. Réagir ainsi peut accentuer son insécurité en renforçant son malaise. Plutôt que de se sentir apaisé, votre chien pourrait vivre chaque séparation avec une anxiété encore plus intense, ce qui rendrait la situation de plus en plus difficile pour lui. Ces réactions risquent aussi de fragiliser le lien de confiance entre vous et lui, ce qui pourrait aggraver ses pleurs, aboiements, et autres signes de détresse à chaque départ.
Et vous, avez-vous mis en place des stratégies pour aider votre chien à mieux vivre vos absences ? Ou peut-être êtes-vous encore confronté à des défis ? Partagez votre expérience dans les commentaires ! Vos témoignages peuvent aider d’autres propriétaires à mieux comprendre et gérer ce comportement.
Article très intéressant. Et juste une petite précision, les Whippets, qui sont pourtant des lévriers, ne sont pas du tout indépendants mais sont, au contraire, très proches de leurs maitres 😉